rénovation et extension d’une ferme
la commune de junglinster, dans le canton de grevenmacher est la plus peuplée de la circonscription de l’est et la troisième du pays en superficie. l’église paroissiale de style baroque tardif, érigée entre 1771 et 1773, témoigne par sa qualité de la prospérité passée des exploitations agricoles de junglinster. aujourd’hui l’agglomération située au fond d’un vallon traversé par l’ernz noire est surtout marquée par les trois pylônes de la station émettrice de radio luxembourg installée dès 1931 sur les hauteurs au nord-est. l’industrie du bois, le centre commercial et la présence de rtl ont contribué à redéfinir le visage d’un village rural vers un centre d’activité régional.
pour répondre aux besoins croissants d’une agglomération en développement constant l’administration communale a couvert la nécessité d’agrandissement de la mairie par l’achat d’une ferme située rue de bourglinster avec pour objectif de l’adapter à ses besoins.
le bâtiment acheté se développe selon le schéma propre aux fermes de style dit de marie- thérèse (1740-1780) en faisant suivre sur un même alignement logis, étable et grange. pendant la période du règne autrichien (1714-1794), années de paix et de prospérité rurale, les mesures de protection contre le feu imposées par la couronne amènent l’usage, presque exclusif, de la pierre dans la construction. toutes les entrées se trouvent dans la façade parallèle à la rue et les riches décors en pierre des fenêtres et des portes sont le signe du bien-être et de la fierté de leurs propriétaires. le temps passant des dépendances de moindre importance furent ajoutées sur la façade postérieure autour d’une petite cour intérieure. le corps principal, en retrait de plus de cinquante mètres, disposé en parallèle à la rue de bourglinster, est ancré dans le site par un long mur perpendiculaire qui sépare le jardin de la ferme des champs environnants.
actuellement le site du bâtiment est défini par les données naturelles comme la rivière toute proche et les champs sur l’arrière. mais la mutation en cours de cette partie du village exige une nouvelle définition des espaces publics qui tienne compte de la signification particulière du bâtiment. la placette au pied de la façade de l’immeuble et le jardin prolongeant le parc flammang attenant sont une suite d’espaces qui amorcent ce développement. ces espaces pourraient être intégrés dans un contexte à l’échelle du village en constituant l’épine dorsale des espaces publics enveloppant la mairie.
devant la mairie l’espace public se développe entre le mur préservé à l’est et le parc flammang à l’ouest pour aboutir devant la façade de l’ancienne ferme. le jardin public est structuré par des lignes de haies disposées en parallèle par rapport à l’axe longitudinal de la ferme. ces lignes sont traversées à angle droit par le chemin menant à la place extérieure devant la façade de l’ancienne maison d’habitation. un plan d’eau géométrique soumis à la structuration de lignes parallèles en blocs en béton servant de banc public accompagne le chemin d’accès à la mairie. cette suite d’espaces faits de tranquillité est comme une respiration qui assure la transition entre le paysage environnant et l’espace intérieur du bâtiment.
si on ne peut pas vivre sans mémoire, il est cependant inéluctable d’écarter tout ce qui n’est qu’anecdote ou encombrement sans signification. si les besoins actuels justifient la construction d’espaces modernes le témoignage bâti de la vie révolue vaut la conservation d’un passé qui a façonné ses enfants. la première tâche de l’architecte confronté à l’évolution nécessaire de cette maison d’habitation avec ses dépendances agricoles vers un immeuble administratif fut celui de maintenir l’essentiel que constitue l’apparence ancestrale du logis et de l’enveloppe de la grange. par la suite les relations, transformations et médiations nouvelles suscitées entre les parties conditionnées par l’histoire et les compléments de construction de l’intervention actuelle suscitent quasiment de façon automatique l’objet architectural et son apparence.
les éléments qui pouvaient nourrir un projet cohérent furent le corps principal avec la maison d’habitation, l’étable et la grange disposés sur un axe longitudinal. si les dépendances postérieures délabrées et rajoutées au gré de besoins occasionnels ne pouvaient être utilisées il en fut de même de l’intérieur de la grange et de l’étable dont seule l’enveloppe pouvait contribuer au nouveau projet. l’étude des couches de couleur superposées au cours des siècles révéla des tonalités blanches et grises originelles qui à nouveau déterminent maintenant l’apparence de la façade.
la disposition en ligne des éléments nouveaux permet de compléter et de développer le principe de construction essentiel qui structure l’ensemble existant. ainsi la volonté de prolonger l’histoire imposa l’insertion d’une première aile de bâtiment dans l’espace évidé de la grange pour se prolonger au-delà de la toiture existante. la deuxième aile visible depuis la rue est disposée parallèle à l’axe principal en gardant la distance nécessaire pour ménager une place intérieure entre les deux corps. cette place, tendue entre la place de la mairie et le parc flammang limitrophe, distribue à l’intérieur les usagers vers les différentes fonctions administratives.
la maison d’habitation a été aménagée pour recevoir les fonctions qui n’imposent pas la destruction de la structure existante faite de murs en pierre et plafonds à structure bois. ainsi la disposition, la dimension et les matériaux des locaux peuvent être maintenus dans leurs caractéristiques essentielles. tous les services qui par leur dimension ou leur activité conduiraient à la démolition de l’ancien bâtiment sont disposés dans le bâtiment nouveau, complément de la construction existante.
le bâtiment nouveau recueille par contre les fonctions exigeant la mise en œuvre de moyens techniques actuels. l’archive demande des structures de très haute résistance statique, les bureaux demandent un contrôle du climat intérieur correspondant aux critères de la consommation réduite d’énergie. les ailes longitudinales sont tramées de façon rigoureuse afin de faciliter la construction en éléments bois préassemblés en atelier. les éléments de façade intérieure et extérieure sont habillés de lamelles de bois en mélèze traités par un glacis gris.
le projet répond aux critères de la consommation d’énergie qui s’appliquent à la catégorie « basse énergie ». le système de ventilation avec échangeur de calories garantit la qualité de l’air dans tous les espaces tout en contrôlant les besoins en ventilation de l’immeuble. la façade extérieure traitée pour garantir des pertes de ventilation réduites au minimum est étanche à l’air et équipée d’une isolation thermique importante. les fenêtres à double vitrage sont équipées d’une protection solaire extérieure réduisant les apports calorifiques en été. la structure et la façade extérieure en bois, un matériau renouvelable, répondent aux critères d’une construction durable.